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Photo du rédacteurJohn Kofi

Respect : Le Football encore loin derrière ...

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Nous sommes en 2020, le football a plus de 150 ans et continue de grandir, d'évoluer et d'emerveiller des millions de joueurs et fans dans le monde entier. Malheureusement, tel le reflet de nos sociétés, il est aussi souvent le théâtre de violences, d'injustices, de discriminations et de fraudes. L'Ultimate, 3 fois plus jeune, semble pourtant se montrer plus mature que son aîné sur bien des critères, et se place comme un modèle de respect dans les sports collectifs.



PSG - Basaksehir : un tournant ?


"Alors que le PSG recevait mardi Istanbul Basaksehir en Ligue des champions, les joueurs des deux équipes ont regagné précipitamment les vestiaires après un dérapage raciste supposé du quatrième arbitre au sujet de Pierre Achille Webo, adjoint dans le staff stambouliote." - RMC Sport

La planète football a été secouée par ce fait de jeu, ou plutôt de non-jeu, inédit dans l'histoire de la Champions' League. Les joueurs ont tous quitté le terrain dans un élan de protestation, une sorte de mini-grève qui n'est pas sans nous rappeler les moments les plus sombres de l'équipe de France de Football, à bord du fameux bus d'entraînement. Aucune sanction ne semble avoir été adressée contre les joueurs, au contraire, ils ont été salué par une immense vague médiatique et politique qui se veut anti-racisme.

Le lendemain, au report du match, les joueurs ont déposé un genou à terre et levé le poing au ciel, pour montrer une nouvelle fois leur attachement à une valeur essentielle qui orne leur maillot : le respect.


Pour une fois, les joueurs semblaient être ensemble plutôt que les uns contre les autres. Ils avaient pris en main la situation et redoré avec fierté le blason de leur sport. Le match, sans réel enjeu, finira à l'avantage du PSG 5 - 1. Il y aura 14 fautes sifflées contre les joueurs de l'équipe turque, dont 4 cartons jaunes, 5 fautes du côté du PSG dont 1 jaune. Un match tout à fait normal donc. Pourtant, de l'autre côté des écrans, on se questionne sur la situation.


Quel avenir pour le football ? Des joueurs plus revendicatifs des valeurs de leur sport ? Une nouvelle méfiance envers les arbitres ? L'abolition des propos racistes, sexistes et homophobes dans les stades et chez les supporters ?

Quelles leçons tirer de cette situation ?



"Antoine Griezmann rompt son contrat avec Huawei, accusé de participer à la surveillance des Ouïgours" - Le Monde



Alors qu'Antoine Griezmann fait également sont geste politique héroïque de la semaine, les réseaux sociaux s'empressent de remettre certaines pendules à l'heure.




De militants à baltringues



Une publication en particulier tourne sur Facebook, accusant les joueurs au poing levé d'une hypocrisie condamnable. Elle met notamment en avant les propriétaires des deux équipes, d'un côté "des princes milliardaires qataris", de l'autre un proche du gouvernement turc. Verra-t-on ces mêmes joueurs protestés contre les politiques oppressantes et les discriminations courantes chez leur employeur ? Une rupture de contrat ? Une grève ?


Les autres critiques faites aux acteurs du match concernent la condamnation hâtive du 4ème arbitre et le manque d'organistion du corps arbitral face à cette situation particulière. En effet, dans le désordre et la colère ambiante, l'accusé ne semble pas avoir pu clairement exposer sa défense, son point de vue, et apaiser l'atmosphère. Il n'a plus été écouté.

"J’ai dit aux joueurs que si ça les dérangeait, je ne dirais plus 'negru'."

Trop tard, les joueurs sont déjà en train de partir, après plusieurs dizaines de minutes de discussions infructueuses. Les 6 autres arbitres de la rencontre seront impuissants également face à la situation, s'ils sont des professionnels dans ce sport collectif, ils ne semblent pas avoir les compétences pour arbitrer un "simple" débat, ni un quelconque procès.


L'homme le plus détesté de la planète (jusqu'au prochain buzz) reçoit les foudres des internautes et le déshonneur de son propre pays, qui crie à la honte. Quel avenir pour cette homme, coupable ou non ? La peine est-elle justement proportionnelle aux actes ? Comment les joueurs et les arbitres auraient-il pu faire mieux ?



Ultimate : place au dialogue



Deux jours seulement plus tard, on peut lire dans la presse la bonne nouvelle, qui ne fera certainement pas autant de bruit que l'incident principal : "Demba Ba s'est réconcilié avec le 4e arbitre Sebastian Colțescu". Il aura fallu un simple coup de téléphone, une discussion calme et apaisée, avec l'aide d'un ami commun comme médiateur, pour retrouver la paix.

C'était un malentendu. J'ai parlé à Demba Ba. C'est mon très bon ami. Je lui ai expliqué et il a très bien compris.

Pourquoi donc tant de rebondissements pour une histoire qui se règle en une simple discussion ?


C'est là que le football a encore énormément à apprendre. Telle une téléréalité, il est devenu un habitué des coups de théâtre, du buzz médiatique, du spectaculaire et d'instrumentalisations politiques. Malheureusement, les joueurs, considérés comme des idoles voire des dieux par leur fans (souvent très jeunes), n'évoluent pas dans un système qui permet de montrer le meilleur exemple. Quelles leçons tirer de cet incident ? Ne pas tolérer de propos racistes ? Oui. Réagir ? Oui. Régler les situations conflictuelles calmement ou partir protester sur un coup de tête ? Aïe.


A l'Ultimate, le système permet de régler ce type de conflits en quelques minutes. Les joueurs et joueuses sont habitués aux dialogues respectueux, à expliquer calmement leur point de vue et à écouter celui des autres. Tous sont encouragés à garder une attitude positive et une maîtrise de soi en toutes circonstances. Lorsque la tension monte, que le désordre s'installe entre les deux équipes ou qu'un problème suffisamment grave survient, on appelle un arrêt de jeu très spécial : le Spirit time-out (spirit of the game stoppage)

Geste correspondant au Spirit Time-Out


Le chronomètre est arrêté, les joueurs des deux équipes se rassemblent et les capitaines, à part, discutent de la situation pour trouver une solution. Ils reviennent ensuite parler à l'ensemble du groupe pour permettre de reprendre le jeu calmement.

C'est un événement peu fréquent, mais à l'échelle d'un tournoi/championnat il n'est pas si rare d'en voir un.


Imaginez


Imaginez maintenant la même situation, PSG - Basaksehir, avec le comportement de joueurs d'Ultimate. Le jeu s'arrête, les joueurs se rassemblent (ils ne sont pas directement impliqués dans l'incident). Les capitaines, les arbitres et les coachs discutent de la situation calmement :

- Je l'ai entendu dire "negro", c'est inacceptable.

- Il y a erreur, j'ai dit "negru", sans aucune connotation négative, dans ma langue natale.

- Effectivement je n'avais pas compris cela, toutefois, ça reste douteux d'utiliser le terme "noir" pour décrire quelqu'un ici et de parler dans votre langue natale, en tant qu'arbitre d'une rencontre de Ligue des Champions.

- Je comprends (ou pas), je m'éforcerai de parler en anglais et de prendre en considération votre remarque, pour ne plus que la confusion se reproduise. Désolé.

- Merci, il n'y a pas de mal.


Et le jeu reprend, 10 minutes se sont écoulées et seront rattrapées. Pas de report du match, personne n'est lynché, pas de genou à terre ni de poing levé, tout le monde est content. Les joueurs font preuve d'écoute, de tolérance et de respect. Ils sont exemplaires dans leur manière de gérer cette situation et sont à juste titre idolâtrés dans les médias et chez les supporters.


Nous sommes en 2020, et ceci n'est pas dans le football, le sport le plus suivi en Europe.


Heureusement, l'Ultimate Frisbee grandit et sa communauté avec. Bientôt peut-être, nous serons capables de montrer à la planète qu'un sport collectif peut allier le plus haut niveau de compétitivité et de respect sur le terrain, peu importe l'enjeu du match.



Israel et Colombie Juniors - Ultimate


 

Sources :





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